Dans un contexte de transition écologique, de nombreuses entreprises cherchent à « compenser » leurs émissions de gaz à effet de serre, souvent par la plantation d’arbres ou le financement de projets environnementaux. Mais il est essentiel de comprendre que, selon les méthodes de référence comme le GHG Protocol et la méthode Bilan Carbone®, la compensation carbone n’est pas prise en compte dans le calcul du bilan carbone d’une organisation.
Une comptabilité des émissions « brutes »
Les méthodes GHG Protocol (norme internationale) et Bilan Carbone® (méthode française de l’ADEME) s’accordent sur un principe fondamental : on comptabilise toutes les émissions générées, sans les retrancher avec d’éventuelles actions de compensation. Cette approche vise à dresser un état des lieux clair et honnête des émissions, afin de prioriser les actions de réduction à la source.
La compensation peut être mentionnée, voire valorisée, mais elle figure en dehors du périmètre du bilan d’émissions.
Pourquoi cette exclusion ?
Cette approche repose sur plusieurs constats :
- Priorité à la réduction : compenser ne doit pas servir d’excuse pour ne pas réduire ses émissions.
- Efficacité incertaine : les projets de compensation (ex. : reforestation) présentent souvent des résultats incertains, différés ou non garantis.
- Greenwashing et double comptage : mal encadrée, la compensation peut brouiller les messages, donner lieu à des revendications multiples ou à des actions peu crédibles.
- Enjeux éthiques : certains projets ont des impacts négatifs sur les populations locales ou la biodiversité.
Cela ne signifie pas que la compensation est inutile. Elle peut jouer un rôle complémentaire, notamment pour les émissions résiduelles difficiles à éliminer. Mais elle doit reposer sur des critères rigoureux : transparence, traçabilité, permanence, co-bénéfices sociaux et écologiques. Des labels sérieux existent pour encadrer ces initiatives, comme Gold Standard ou Verra.
La comptabilité carbone selon les standards reconnus n’intègre pas la compensation : c’est un choix volontaire qui reflète une logique de responsabilité. Réduire reste la priorité. La compensation ne doit venir qu’en dernier recours, pour aller plus loin dans une démarche climatique crédible, à condition qu’elle soit strictement encadrée et utilisée avec discernement..